Domaine Simon Gastrein - Hameau Toucheboeuf
Simon Gastrein : retenez bien ce nom… La rencontre avec Simon était une rencontre que l’on n’oublie pas. C’est un personnage. Quelqu’un de joyeux et passionné.
Simon est un enfant du pays. Il a grandi à 5 minutes du Hameau Toucheboeuf et a travaillé, de 14 à 18 ans, dans l’auberge familiale en tant que cuisinier. Il a acquis, au cours de cette formation, un sens du goût, de l’odorat, qui lui permet aujourd’hui de faire des grands vins. Adolescent, et durant les weekends, il aidait les copains, fils et filles de vignerons, dans les vignes. C’est lorsqu’il voyage pendant quelques mois en Amérique du Sud, où il a, dixit, ‘goûter tout ce qu’il pouvait goûter’, il se rend compte de la réputation incroyable dont jouissent les vins du Rhône Nord à travers le monde. Ce fût une sorte de déclic, un moment ou plutôt une expérience qui lui a fait réaliser que le bonheur n’était peut-être pas si loin de chez lui. Il retourne alors au Hameau Toucheboeuf, où il trouve un boulot chez André Perret à Chavanay. Il y travaillera pendant 7 ans avant de se lancer dans cette aventure en solitaire. C’est en 2013 qu’il ‘loue’ (aussi appeler ‘fermage’) ses première vignes. Il vend l’ensemble de sa production au négoce jusqu’en 2016 où il produit aux alentours de 1 000 bouteilles. Petit à petit, le domaine atteint les 5 hectares : il produit désormais environ 20 000 bouteilles par an.
La maison/cave/chai de Simon se situe au Hameau qui porte le nom de son domaine. C’est la maison de son grand-père qu’il a pu reprendre en 2016, ce qui lui permet de vinifier, élever et stocker au même endroit. Et quel endroit ! Une cave magnifique, fraiche été comme hiver. Selon Simon, c’est une des plus grosses caves du Hameau, ce qui laisse à penser que celle-ci servait peut-être de chai à l’époque pour l’ensemble du Hameau. Mais ça n’est pas tout ! Il y a dans sa cave une source d’eau naturelle qui permet à la cave de conserver une humidité et une température optimales. Simon, avec l’aide d’amis artisans, a même eu l’idée d’utiliser l’eau de cette source pour alimenter son circuit de refroidissement (artisanal). Cela lui permet donc de refroidir ses cuves lors des vinifications s’il considère que la température monte trop haut. Il a ça dans le sang Simon, il est malin et travaille à l’instinct.
Parlons un peu des vignes tout d’abord. Les 3 tailles principales de la région sont utilisées au domaine, à savoir la taille Gobelet, Guyot simple et Cordon de Royat. Simon taille ses Gamay en gobelet, qui est selon lui la taille la plus intéressante pour ce cépage. Les autres cépages, comme la Syrah, la Roussanne, la Marsanne ou encore le Viognier sont eux taillés en Guyot ou en Cordon de Royat. La densité de plantation est de 5 500 pieds/hectare sur ces vignes en appellations ‘Vin de France’, et de 10 000 pieds/hectare pour les vignes de Condrieu. La plupart des vignes du domaine ont plus de 50 ans, raison pour laquelle Simon ne préfère pas trop travailler ses sols afin de laisser les racines puiser ce qu’il leur faut, en se ‘battant un peu’. Cette approche, la plus naturelle possible, est complétée par des traitements certifiés bio comme du cuivre et du soufre. Simon considère ses traitements suffisamment efficaces afin de contrer des maladies de la vigne comme le mildiou ou l’oïdium. Il est pourtant dans des zones assez humides, quelques-unes de ses vignes se situant proches du Rhône. De plus, le domaine est en conversion bio depuis le millésime 2019, et sera donc certifié sur le millésime 2021. C’est une suite logique du travail entrepris à la vigne et en cave, qui, encore une fois, se veut le plus naturel possible.
Aussi et pour rappel, la Syrah prédomine sur ces terres Rhodaniennes. Au cours du XXème siècle, beaucoup de vignerons ont arraché du Gamay et replanté de la Syrah. La Syrah se vendait en effet mieux, et était acheté par le négoce (dont Guigal par exemple), contrairement au Gamay, généralement boudé. Simon a donc choisi de conserver du Gamay dans certaines de ses vignes, ce qui explique pourquoi la cuvée l’Enclume est un assemblage de Syrah (80%) et de Gamay (20%). Vous y trouverez aussi un petit peu de Mornin Noir, la vigne étant complantée. Cette cuvée est vinifiée en vendanges entières, ce qui apporte une fraicheur non négligeable à trame épicée et réglissée qui prédomine. Nous sommes ici sur un vin de gastronomie, à mille lieues des Syrah ‘body-buildées’ qui ont fait, pendant un temps, le succès des vins rouges du Rhône septentrional.
Outre les cépages blancs mentionnés ci-dessus, le domaine compte aussi quelques vignes de Cugnette, cousine de la Jacquère Savoyarde. On l’oublie trop souvent mais les montagnes sont à deux pas, et le Hameau Toucheboeuf se niche quand même à environ 400 mètres d’altitude. Nouveauté pour le millésime 2020, de la Clairette sera assemblée à la cuvée « L’Effrontée ». Ayant gouté le 2020 sur fût, nous avons trouvé que la Clairette apportait du tonus et de la fraicheur à la cuvée. Affaire à suivre, et à gouter à nouveau ! Pour info, et contrairement ce qui a été dit, Simon n’a jamais planté de Petite Arvine ni d’Altesse…
Pour les blancs, Simon a fait le choix de vinifier séparément le Viognier d’un côté, et les autres cépages (Roussanne/Marsanne/Viognier/Cugnette/Clairette) de l’autre. Cela lui permet de choisir la date d’assemblage optimale, ces cépages évoluant de manière légèrement différente.
Avec sa cuvée L’Effrontée, Simon nous fait redécouvrir (et sûrement aimer à nouveau), les cépages rhodaniens. Les élevages se déroulent en fûts et sur lies fines pendant 9 à 12 mois. Par rapport aux barriques utilisées, Simon a eu un véritable coup de cœur pour la tonnellerie Toutant située à Torcy en Saône-et-Loire. Et on comprend vite pourquoi… Le boisé est ici maitrisé et apporte une rondeur et une gourmandise notables à cette cuvée. Simon choisit les chauffes (procédé qui permet d’exprimer ou non le potentiel aromatique et tannique des douelles de chênes utilisées pour la confection de la barrique) les plus légères possibles, afin de ne pas trop affecter le vin. Quelques barriques du tonnelier Berthomieu, qui se situe à la Charité-sur-Loire, complète sa cave pour les élevages.
Pour sa cuvée ‘Jupiter’, Simon a utilisé pour la première fois en 2019, un qvevri Géorgien. Le qvevri est une jarre de terre cuite ressemblant à une amphore sans poignée. L’intérieur y est traditionnellement tapissé d’une couche de cire d’abeille ce qui rend plus étanche la jarre. Cette cuvée ‘Jupiter’ est composée des 3 cépages blancs principaux (en termes de volume) du domaine, à savoir le Viognier, la Marsanne et la Roussanne. Le Viognier a été macéré 5 mois en qvevri, la Roussanne/Marsanne l’ont été 5 semaines en cuve. Un vin orange donc, très accessible tant par son touché de bouche, aérien et gourmand, que par sa fin de bouche, avec des tanins présents mais pas trop secs. Un véritable bonheur pour les personnes souhaitant découvrir des vins orange sans être trop déstabilisés !
Enfin, nous avons eu la chance de goûter son premier millésime de Condrieu (100% Viognier comme l’exige le cahier des charges de l’appellation). Et ça goûte très très bien ! Simon a su conserver une fraicheur qui apporte de la complexité et de la digestibilité à ce vin qui n’est pas, à la base, connu et reconnu pour cette qualité… La parcelle se situe sur une veine granitique, ce qui ‘apporte de la tension au vin’, dixit Simon. Nous avons hâte de vous le présenter, mais il faudra encore patienter au moins un an !
Petit détail mais qui fait aussi une différence, toutes les bouteilles de Simon sont cirées à la main. Travail de fourmi mais qui correspond à la certaine idée du vin que Simon se fait : UNE SUCCESSION DE DETAILS !
Nous terminons ce passage chez Simon par admirer la vue qu’il a depuis sa maison/chai/cave. Une vue qui surplombe la vallée, ‘au fin fond de la Loire ou au début’, comme il aime le décrire.
Nous sommes très heureux de pouvoir vous faire découvrir ce domaine, qui, nous en sommes certains, a des très beaux jours devant lui. Bravo, et merci pour l’accueil Simon !
Pour en savoir autant ou plus sur le Hameau Toucheboeuf, n’hésitez pas à écouter notre podcast ci-dessous :
Buvez bien, buvez bon, et tenez bon !
